Emission 25 – Sur les traces et l’histoire d’une dynastie brisée … celle des ROMANOV
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novembre 20, 2021

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Loïc Duchamp

Bonjour à tous, vous venez d’écouter le chant russe : Que Dieu protège le tsar

L’Hymne des tsars ou Dieu protège le tsar, en russe Боже, Царя храни! (Boje, Tsarya khrani!), était l’hymne national de l’Empire russe de 1833 jusqu’à sa chute après la Révolution de 1917. Il fut alors remplacé par la Marseillaise des Travailleurs par le gouvernement provisoire révolutionnaire.

Il fut composé en 1833 par le général et violoniste Alexeï Lvov pour un concours organisé par Nicolas Ier. L’hymne fut interprété pour la première fois lors du seizième anniversaire du tsarévitch Alexandre Nicolaïevitch de Russie (le futur Alexandre II). Les paroles sont du poète romantique Vassili Joukovski. Elles sont inspirées – au moins pour le titre – par un thème polyphonique de la cour impériale byzantine « Κύριε, σῶσον τοὺς δεσπότας τῶν Ῥωμαίων », « Seigneur, sauve l’empereur des Romains », c’est-à-dire le César (ou « Tsar »).

Le thème de cet hymne fut souvent repris par les compositeurs russes, et notamment par Tchaïkovsky, qui l’utilise dans son Ouverture solennelle 1812, la Marche slave ou encore son Ouverture solennelle sur l’hymne national danois.

De nos jours, le Chœur des Cosaques de l’Oural débute leurs concerts par l’Hymne des Tsars.

Aujourd’hui nous partons pour la Russie découvrir les origines de la famille Impériale : Les Romanov, nous allons parler de comment tout a commencé pour la famille Romanov et comment tout s’est terminé … tragiquement ! Je tiens à remercier Martine et Yves qui ont grandement contribué pour que cette émission soit un succès de part leurs recherches sur l’origine des ROMANOV grâce à un livre que je vous conseille fortement : « Nicolas II La Transition Interrompue » écrit par Hélène CARRERE D’ENCAUSE !

Nous allons donc commencer cette émission par des extraits issus de cet ouvrage qui plante le décor sur l’origine des tsars et de la dynastie des ROMANOV !

Nicolas II devient tsar à 26 ans, en 1894 à la mort de son père le tsar Alexandre III.

Alexandre III de Russie, était né le 26 février 1845, il est décédé le 20 octobre 1894 à l’âge de 49 ans, il fut empereur de Russie, du 2 mars 1881 jusqu’à sa mort.

La mère du tsar Nicolas II se nommait : Marie Sophie Frédérique Dagmar de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glucksbourg, princesse Dagmar de Danemark, elle était née le 26 novembre 1847, elle est morte le 13 octobre 1928, membre de la famille royale de Danemark, elle est devenue par son mariage avec le tsar Alexandre III, grande-duchesse puis impératrice de Russie sous le nom de Marie Fedorovna (Maria Feodorovna ou Maria Fiodorovna, en russe Мария Фёдоровна).

Dagmar est la deuxième fille et la quatrième enfant du roi Christian IX de Danemark (surnommé le « beau-père de l’Europe » à cause des brillants mariages de ses enfants) et de son épouse la reine Louise, née princesse Louise de Hesse-Cassel. Ainsi, le frère aîné de Dagmar deviendra roi de Danemark sous le nom de Frédéric VIII ; son frère cadet, Guillaume, devint roi des Hellènes (Grèce) sous le nom de Georges Ier en 1867 ; sa sœur Alexandra épousa le prince de Galles futur Édouard VII en 1863 et devint ainsi reine du Royaume-Uni. Cela explique notamment pourquoi il y a une ressemblance frappante entre son fils le tsar Nicolas II et celui de sa sœur, le roi George V, leur ressemblance est telle que l’on dirait des frères jumeaux !

Comment se sont connus le tsar Nicolas II et la princesse Alix DE HESSE ?

C’est à l’âge de 12 ans, au cours de l’année 1884, à l’occasion du mariage de sa sœur Élisabeth avec le grand-duc Serge Alexandrovitch de Russie, frère cadet du tsar Alexandre III, qu’elle rencontre pour la première fois celui qui n’est alors que l’héritier au trône de Russie et le nouveau neveu de sa sœur, le grand-duc Nicolas Alexandrovitch, alors âgé de 16 ans. Un sentiment très fort naît entre les deux jeunes gens : ce sentiment perdurera tout au long de leur vie. Dans son journal, Nicolas appelle la jeune fille « douce petite Alix » et déclare « nous nous aimons ». Il lui offre une broche en signe de son affection, et ils gravent leurs noms sur une vitre.

En janvier 1890, Alix rend visite à sa sœur en Russie. Les deux jeunes gens se retrouvent pour le thé, patinent et jouent au badminton. Nicolas écrit dans son journal : « C’est mon rêve d’un jour épouser Alix H. Je l’aime depuis longtemps, mais encore plus depuis 1889 quand elle a passé six semaines à Saint-Pétersbourg. Pendant longtemps, j’ai résisté au sentiment que mon rêve le plus cher pouvait se réaliser »

Élisabeth et Serge sont très enthousiastes à l’idée d’une union entre Nicolas et Alix. Le futur Édouard VII écrit à sa mère : « Ella bougerait ciel et terre pour marier Alix à un grand-duc ». Élisabeth écrit à son frère : « Si Dieu le veut, ce mariage se fera »

Quant à la reine Victoria, elle s’oppose à ce projet de mariage. Elle apprécie Nicolas, mais n’aime ni la Russie ni le tsar et craint qu’Alix ne soit pas en sécurité en Russie. Elle écrit à la sœur aînée d’Alix, Victoria, soupçonnant Serge et Élisabeth d’encourager l’union. Après la proclamation des fiançailles, elle écrit : « Plus je pense au mariage de la douce Alix, plus je suis malheureuse. Non pas que je n’apprécie pas Nicolas, mais à cause de ce pays et de l’affreuse insécurité à laquelle cette pauvre enfant sera exposée »

Le couple impérial russe ne veut pas d’une princesse allemande comme belle-fille. Dagmar de Danemark explique à sa sœur Alexandra que la plus jeune fille d’un banal grand-duc n’était pas digne de l’héritier de l’Empire russe, et elle considère Alix comme trop peu diplomate et aimable pour être une bonne impératrice. Alexandre III préfère la princesse française Hélène d’Orléans, fille de Philippe, comte de Paris, et dont la sœur Amélie a épousé le roi Charles Ier de Portugal. Nicolas n’est pas attiré par Hélène, et écrit dans son journal : « Mama a fait quelques allusions à Hélène, fille du comte de Paris. Je veux moi-même aller dans une direction et il est évident que Mama veut que j’en choisisse une autre » Hélène aussi refuse cette union, car elle est catholique et son père refuse de l’autoriser à se convertir à l’orthodoxie. Alexandre III envoie aussi des émissaires à Marguerite de Prusse, sœur de Guillaume II d’Allemagne, et petite-fille de la reine Victoria. Nicolas déclare qu’il préfère devenir moine qu’épouser Marguerite, qui elle-même refuse de se convertir à l’orthodoxie.

Cependant, quand la santé du tsar se dégrade en 1894, les souverains finissent par céder aux sentiments de leur fils pour assurer la succession. Nicolas est fou de joie et demande immédiatement Alix en mariage.

Malgré son amour pour Nicolas, Alix refuse d’abord de l’épouser car elle ne veut pas renoncer à sa foi luthérienne pour se convertir à l’orthodoxie. Elle écrit à Nicolas : « Je ne peux aller contre ma conscience » car « Quel bonheur peut venir d’un mariage qui n’a pas reçu la réelle bénédiction de Dieu ? » Nicolas est dévasté, mais garde espoir car Élisabeth l’assure qu’Alix est « tout à fait malheureuse » et éprouve « un profond et pur amour » pour lui. Nicolas la supplie de « ne pas dire non directement » et lui déclare : « Penses-tu qu’il existe dans le monde un bonheur possible sans toi ! »

En avril 1894, Ernest-Louis épouse Victoria-Mélita de Saxe-Cobourg-Gotha, fille d’Alfred Ier de Saxe-Cobourg-Gotha et de Maria Alexandrovna de Russie. La mariée étant la nièce d’Alexandre III, plusieurs membres de la famille impériale assistent à la cérémonie, dont les grands-ducs Vladimir, Serge et Paul, les grandes-duchesses Élisabeth et Marie, et le tsarévitch Nicolas. Nicolas est déterminé à convaincre Alix de l’épouser. Le jour suivant son arrivée à Cobourg, Nicolas demande la jeune fille en mariage et tente de la convaincre de se convertir à l’orthodoxie pendant plus de deux heures. Elle pleure énormément mais refuse. Élisabeth arrive alors à persuader sa sœur qu’elle n’a pas besoin de renoncer au luthéranisme pour se convertir à l’orthodoxie, elle-même n’ayant pas été obligée d’abjurer lors de sa conversion. Le jour suivant, Alix parle avec Guillaume II, qui espère qu’une tsarine allemande améliorerait ses relations avec la Russie, puis avec la grande-duchesse Marie de Mecklembourg-Schwerin, qui s’était elle-même convertie pour épouser le grand-duc Vladimir. Elle accepte alors la seconde demande de Nicolas.


Après les fiançailles, Alix retourne en Angleterre auprès de sa grand-mère. En juin, Nicolas lui rend visite à l’occasion du baptême du fils aîné de George, duc d’York. Alix et Nicolas sont marraine et parrain de l’enfant, qui règnera brièvement sous le nom d’Édouard VIII. Alix écrit alors à sa gouvernante : « Je suis tellement heureuse qu’aucun mot ne peut le décrire. Enfin, après cinq longues et tristes années ! » Nicolas, quant à lui, écrit : « mon âme déborde de joie et de vie ».

En septembre, Alexandre III étant de plus en plus malade, Nicolas obtient la permission d’inviter Alix au palais de Livadia, en Crimée. Escortée par Élisabeth de Varsovie jusqu’en Crimée, elle voyage dans un train ordinaire. Le tsar mourant la reçoit en uniforme et lui donne sa bénédiction.

Le jour suivant son décès soit le 2 Novembre Alix est reçue dans l’Église orthodoxe comme la « très croyante grande-duchesse Alexandra Feodorovna ». Cependant, elle n’est pas forcée d’abjurer le luthéranisme. Alix veut prendre le nom de Catherine, mais Nicolas insiste pour qu’elle prenne le nom d’Alexandra pour rappeler le souvenir de ses arrière-grands-parents Nicolas Ier et Alexandra Feodorovna.

Alexandra, le prince et la princesse de Galles et les cousins grecs de la famille impériale accompagnent la dépouille du tsar d’abord à Moscou puis à Saint-Pétersbourg. Les funérailles ont lieu le 19 novembre.

Le 26 novembre 1894, Alexandra et Nicolas sont mariés en la Grande église du Palais d’Hiver. Le deuil est ce jour-là assoupli car c’est l’anniversaire de l’impératrice douairière. Pour le peuple russe, cette princesse est marquée par le malheur puisqu’elle est arrivée « derrière un cercueil ! » Alexandra elle-même écrit à l’une de ses sœurs : « Notre mariage m’a semblé être la simple continuation des funérailles du défunt tsar, avec une seule différence ; je portais une robe blanche au lieu d’une robe noire. »

L’arrivée d’un précepteur Suisse pour l’éducation des enfants ROMANOV

En 1904, Gilliard ne connaît encore rien de la société russe, de ses traditions ou de sa religion, et bien peu de son système politique. Il en fait l’apprentissage pendant la guerre de 1904 et la révolution de 1905. Faisant référence aux pogroms et à la violente répression, il écrit : « Dès le début la Russie se révélait à moi sous un aspect terrible et chargé de menaces, présage des horreurs et des souffrances qui m’attendaient ».

En 1914, la guerre surprend la famille impériale. La Suisse neutre se mobilise. Son armée est commandée par le général Ulrich Wille, qui a épousé la fille de Bismarck et ne fait guère mystère de ses sympathies pour Guillaume II, en désaccord avec la neutralité suisse romande. Gilliard se rend à la légation de Suisse à Saint-Pétersbourg. Les journaux annoncent, à tort, la violation de la neutralité helvétique par l’Allemagne. Une nouvelle qui met Gilliard en émoi. Le passage par les Dardanelles, qui est sa dernière porte de sortie, est coupé. Il ne peut désormais plus quitter la Russie. L’empereur Nicolas II demande à son ministre des affaires étrangères, Sergueï Dimitrievitch Sazonov, d’intervenir auprès du gouvernement suisse pour que Gilliard puisse rester auprès de la famille impériale. Une faveur exceptionnelle, qui est accordée par Berne le 14 août 1914. Son destin est désormais lié aux plus sombres heures des Romanov.

Mais qui est Pierre GILLIARD ?

Pierre Gilliard est né le 16 mai 1879 à Fiez, il est décédé le 30 mai 1962 à Lausanne, il était donc le précepteur suisse des enfants de l’empereur Nicolas II : les grandes-duchesses Olga, Tatiana, Maria, Anastasia et le tsarévitch Alexis.

L’hémophilie du tsarévicth Alexis, le cheval de bataille du couple impérial un secret bien gardé mais qui a eu de lourdes conséquences …

Le tsarévitch Alexei est né le 30 juillet 1904, l’heureux événement combla de joie la famille impériale, car le tsar Nicolaï avait une grande pression sur les épaules après avoir eu 4 filles entre 1895 et 1901 il lui fallait impérativement un héritier mâle. Voici d’ailleurs la phrase d’exaltation qu’écrivit Nicolas II dans son journal.

« Il n’y a pas assez de mots pour remercier le Seigneur pour le soulagement qu’il nous a envoyé en ces temps difficiles ! »

Il était loin de se douter que son fils le tsarévitch aurait une vie très difficile et affronterait un destin tragique, c’est à ce moment que va apparaitre un homme dans la vie de la famille impériale Gregori Raspoutine.

En effet, c’est une véritable malédiction, Alexis souffre d’hémophilie, cette maladie absolument atroce que sa mère Alix connait bien car elle a perdu deux personnes de sa famille atteintes d’hémophilie son frère et son oncle !

Les symptômes d’Alexeï sont apparus alors qu’il n’avait que quelques mois, et sa maladie l’a fait souffrir toute sa vie. Anna Vyroubova, demoiselle d’honneur de l’impératrice, s’est rappelée les moments où la maladie s’aggravait : « C’était une torture sans fin pour le garçon et pour chacun d’entre nous… il hurlait de douleur tout le temps et nous devions nous boucher les oreilles en prenant soin de lui ».

C’est ainsi que Raspoutine fait son entrée dans la vie du couple impérial, en 1906, pour le plus grand malheur du pays.

Alix dite Alexandra, aveuglée par sa souffrance et son sentiment de culpabilité, protège Raspoutine au détriment de tout sens commun. Elle voit en celui qui se surnomme « l’envoyé de Dieu » l’unique remède à la maladie de son fils. Lui seul semble en effet capable d’endiguer les douleurs d’Alexis. En 1912 par exemple, Alexis tombe de sa baignoire. De fortes douleurs à la hanche se déclarent quelques jours plus tard : hématome, infection généralisée, l’enfant « souffre atrocement ».

On envoya alors à Raspoutine un télégramme lui demandant de prier, et Raspoutine répondit par un télégramme réconfortant qui disait que l’héritier vivrait.

Et la crise passe. Comment Alexandra ne s’accrocherait-elle pas de toutes ses forces à cet individu dont les dons de guérisseur parviennent à soulager son fils, même à distance ? Contre vents et marées, entraînant son époux à sa suite et malgré la désapprobation des ministres et du peuple, elle va se laisser manipuler par lui, s’immiscer dans les affaires du gouvernement pour lesquelles, trop étroite d’esprit et obnubilée par son fils, elle n’a aucun talent…

Finalement c’est en trop pour la famille impériale et même si Raspoutine est devenu un ami précieux d’Alix et du tsar, un complot est organisé en secret pour se débarrasser de celui qui nuit aux intérêts de la Russie et de la famille impériale.

C’est ainsi que dans la nuit 29 au 30 décembre 1916, le prince Félix Ioussoupov, le grand-duc Dimitri Pavlovitch, le député Vladimir Pourichkevitch, le lieutenant Sergueï Soukhotine et le docteur Stanislas Lazovert, assassinent Raspoutine à Petrograd. Là encore est-ce la pure et stricte vérité, une autre version plus récente dévoilerait plutôt que l’assassinat du conseiller gênant de l’ombre des ROMANOV et tout particulièrement de la princesse Alix aurait été en réalité un complot organisé par les services secrets des Alliés pour éviter que le tsar Nicolas II renonce à son engagement dans le conflit de la Première Guerre mondiale.

Voici la lettre qu’a envoyé le député POURICHKEVITCH au prince pour organiser l’assassinat de Raspoutine, il lui écrit le 21 novembre 1916 :


« Je suis fort occupé à élaborer un plan visant à éliminer Raspoutine, ce qui est tout bonnement devenu nécessaire car, sans cela, tout sera fini… Vous devez y prendre part, vous aussi. Dimitri Pavlovitch Romanov est au courant de tout, et il nous soutient. Cela aura lieu à la mi-décembre, quand Dimitri reviendra… Pas un mot à personne de ce que j’ai écrit. »

Le prince lui répond par cette brève lettre :

« Merci beaucoup pour votre lettre insensée, dont je n’ai pas compris la moitié mais, ce que je peux voir, c’est que vous vous préparez à une action sauvage… Si j’ai une objection à formuler, c’est que vous ayez tout décidé sans me consulter… D’après votre lettre, je vois que vous êtes très enthousiaste et prêt à prendre le taureau par les cornes… Surtout, ne faites rien sans moi, ou alors je ne viendrai pas du tout ! »

Ioussoupov rencontre ainsi plusieurs fois le « guérisseur ». Dans ses Mémoires, le prince exprime le dégoût qu’il éprouve lors de ses rencontres avec Raspoutine ; ainsi écrit-il ces mots : « Après chaque rencontre avec Raspoutine, je pensais que j’étais couvert de boue. » Il relate également une tentative d’hypnose de Raspoutine sur lui. Ces visites seront toutefois très utiles dans la préparation de l’assassinat du moujik sibérien.

« Puis, me regardant avec ferveur dans les yeux, il a commencé à passer sa main sur ma poitrine, la tête et le cou. Et, à genoux, il posa ses mains sur mon front et murmura une prière. Nos visages étaient si proches que je ne pouvais voir ses yeux. Il est resté ainsi pendant quelque temps. Soudain, il se leva et commença à faire des passes vers moi.

Le prince Félix Ioussoupov.
Le pouvoir hypnotique de Raspoutine était énorme. Je sentais comme une force invisible qui me pénétrait et versait une chaleur dans tout le corps. Dans le même temps est venue la stupeur. J’étais engourdi. Je voulais parler, mais ma langue n’a pas obéi. Lentement, j’ai sombré dans l’oubli, et je vis devant moi le regard de Raspoutine brûlant. Deux faisceaux phosphorescents fusionnés en une tache de feu.

J’ai entendu la voix du « vieil homme », mais ne pouvais pas faire sortir les mots.

Je restais là, incapable de crier ou de me déplacer. Juste la pensée est restée en dehors et je savais que, progressivement, je tombais dans les mains de l’hypnotiseur. Et j’ai essayé de résister à la volonté d’hypnose. La force de son hypnotisme, cependant, a grandi comme une coquille épaisse autour de moi. Impression d’une lutte inégale entre les deux personnalités. Tout cela est bien, j’ai réalisé avant et j’ai résisté. Je ne pus bouger jusqu’à ce qu’il m’ait ordonné de me lever. Je commençais à distinguer sa silhouette, son visage et ses yeux. Le terrible incendie avait disparu. Il me regarda fixement, il ne remarqua pas ma résistance. Satisfait, confiant, le « vieil homme » sourit, persuadé que j’étais à sa merci. »

Félix Youssoupov a d’abord voulu payé quelqu’un pour le tuer (il proposait 20 000 roubles, une véritable fortune quand à l’époque le salaire moyen d’un ouvrier était de 10 à 15 roubles par mois), mais ne trouvant personne, il a décidé de tuer lui-même Raspoutine, avec l’aide notamment de son ancien amant le grand-duc Dimitri de Russie (membre de la famille impériale), du député d’extrême-droite Pourichkevitch, de l’agent du MI6 Oswald Rainer (possible amant de Félix Youssoupov), du capitaine Soukhotine et d’un médecin.
Dans la nuit du 29 au 30 décembre 1916, le prince Félix Youssoupov va chercher Raspoutine chez lui vers 00h30 (heure à partir de laquelle il n’est plus sous protection) en voiture, comme convenu. Il l’emmène dans son palais afin que Raspoutine rencontre comme prévu la femme de Félix, afin de régler de prétendus problèmes sexuels entre eux. Felix emmène Raspoutine dans une pièce du sous-sol qu’il a aménagé afin de ne pas attirer l’attention de Raspoutine. A l’étage, le grand-duc, le député, le capitaine, le médecin et l’agent anglais attendent dans le stress, faisant semblant d’être à une réception (musique et champagne) donnée par la femme de Félix. Youssoupov propose pendant ce temps du vin rare et des gâteaux à la crème (grand luxe quand il y avait des manifestations quotidiennes du peuple pour demander du pain), tout deux empoisonnés au cyanure. Raspoutine commence par refuser, mais boit ensuite un verre entier (tel un ivrogne, ce qu’il était) de vin, un deuxième, un troisième, toute la bouteille pour finir, mais il n’est toujours pas mort. Il a également mangé tous les gâteaux. Félix Youssoupov remonte alors affolé à l’étage, contant ce qui venait de se passer à ses compagnons assassins. Le médecin n’en croit pas ses yeux, disant qu’il avait « avalé de quoi tué tout un troupeau d’éléphant ». Le grand-duc Dimitri sort alors son revolver, le donne à Félix, qui redescend, voit Raspoutine de dos, le vise au niveau du coeur et tire. Raspoutine s’effondre, inconscient. Félix va alors chercher ses complices, et le médecin le déclare mort. Ils remontent et trinquent à leur exploit. Félix redescend alors dans la pièce de l’assassinat et voit alors incrédule Raspoutine debout, en train de tenter de s’enfuir. S’ensuit une bagarre dont Félix parvient finalement à s’enfuir, et à aller chercher ses complices. Pendant ce temps-là Raspoutine est arrivé aux grilles du palais. Le grand-duc Dimitri et le député Pourichkevitch sortent chacun leur revolver et tirent littéralement comme des bourrins après Raspoutine (alors que le commissariat est juste en face du palais), mais peu doués (alors que le grand-duc est officier de l’armée impériale) ils le ratent. Raspoutine parvient finalement à ouvrir la grille, et à s’enfuir dans la ville. Les complices le poursuivent alors en voiture, et après l’avoir retrouvé, le capitaine de cavalerie Soukhotine, plus doué que Dimitri et Pourichkevitch, lui tire une seconde balle dans le dos. Raspoutine s’effondre, et finalement Oswald Rainer, agent du MI6, lui tire une balle en pleine tête. Les complices le chargent alors dans la voiture, tournent dans la ville à la recherche d’un endroit où le jeter (à cette période, le fleuve est gelé) finissent par en trouver un, et le balance dans la Neva. Raspoutine sera repêché le lendemain. La présence d’eau dans ses poumons prouve qu’il respirait encore quand il fut jeté à l’eau !

L’assassinat accompli, le prince Ioussoupov et ses complices sont incapables de garder le silence. L’enquête sur l’assassinat de Raspoutine est dirigée par le major-général Popel.

Les complices ne seront pas inquiétés, Félix Youssoupov étant non seulement le neveu par alliance du tsar mais surtout l’homme le plus riche d’Europe, Dimitri étant membre de la famille impériale (à ce titre il ne pouvait être jugé que par l’empereur, qui l’envoie en Perse, lui sauvant au passage la vie lors de la révolution russe), Pourichkevitch continue son mandat, Oswald Rainer n’est même pas soupçonné. On ignore ce qu’il advint du médecin et du capitaine de cavalerie.

Le docteur Stanislas Lazovert et le jeune officier du régiment Preobrajenski, Sergueï Mikhaïlovitch Soukhotine, ont déjà quitté Saint-Pétersbourg. Le prince Ioussoupov est arrêté à la gare, alors qu’il est sur le point de prendre le train pour la Crimée.

Seuls le prince Ioussoupov, le grand-duc Dimitri et Pourichkevitch subiront un interrogatoire. La tsarine réclame l’exécution immédiate du prince et du grand-duc Dimitri, mais les autorités pétersbourgeoises refusent d’arrêter les responsables d’un acte soutenu par la population. Nicolas II ordonne l’exil pour les trois hommes6. Au cours de l’interrogatoire mené par Trepov, président du Conseil, le prince nie, dans un premier temps, toute implication dans le complot. Ioussoupov est finalement assigné à résidence dans son domaine de Rakitnoïe (oblast de Koursk) par Nicolas II. Quant au grand-duc Dimitri, par sa haute naissance, il dépend de la justice du tsar, lequel l’envoie sur le front en Perse, où il sert à l’état-major des armées impériales.

En raison de sa fonction de député de la Douma, mais surtout grâce à sa place de leader du parti de la droite monarchiste, Pourichkevitch jouit d’un tel prestige que le tsar n’ose pas le sanctionner. C’est sur ordre de ce dernier, néanmoins, qu’il quitte la capitale de l’Empire russe.

Le précepteur en parle d’ailleurs dans son ouvrage : 13 Années à la Cour de Russie.

Pierre GILLIARD a suivi les membres de la famille impériale durant leur captivité jusqu’à Ekaterinbourg, où ils ont été séparés et fort heureusement pour lui, c’est probablement ce qui lui sauva la vie, car Nicolas II et sa famille ont été exécutés peu de temps après…

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La folle rumeur concernant la duchesse Anastasia ROMANOV

Aurait-elle survécue ?

De nombreuses femmes prétendent être la grande duchesse Anastasia c’est d’ailleurs la toile de fond du dessin animé Anastasia qui suit les aventures d’une jeune femme Ania et de Dimitri, au départ ce dernier veut duper la grand mère ROMANOV mais il finit par comprendre qu’Ania est véritablement Anastasia.

Hors ceci n’est qu’un beau conte de fée de la part des studios Fox, d’ailleurs devant le succès d’Anastasia, The Walt Disney Company a racheté les droits !

En réalité, Anastasia n’a pas pu s’échapper d’Ekaterinbourg, malheureusement …

Une des plus célèbres usurpatrices prétendant être la grande duchesse impériale Anastasia se nommait Anna ANDERSON, tout se déroule en 1920, la jeune femme est hospitalisée après une tentative de suicide à Berlin, elle refuse de révéler son identité. D’abord appelée Fraülein Unbekannt (« Mademoiselle Inconnue »), elle utilise ensuite le nom de Tchaïkovski, puis Anderson. En mars 1922, apparaît une théorie selon laquelle elle serait une princesse russe, fille de Nicolas II. Les membres survivants de la famille impériale et des personnes qui connaissaient la princesse, dont son précepteur Pierre Gilliard, affirment qu’il s’agit d’une imposture, mais la thèse prend de l’ampleur. Après enquête de Ernest-Louis de Hesse, parent proche de la défunte tsarine Alix DE HESSE, l’enquête révèle qu’elle serait en fait une polonaise du nom de Franziska Schanzkowska, née à une date inconnue (peut-être le 16 décembre 1896). C’est la plus célèbre des personnes ayant prétendu avoir survécu au massacre de la famille impériale Romanov de Russie.

Qu’est devenue Anna ANDERSON ?

Après avoir disparue de nombreuses années sans qu’aucun journal ne parle d’elle, on découvre qu’elle est décédée le 12 février 1984 à Charlottesville aux États-Unis sous le nom d’Anastasia MANAHAN. Des décennies après sa mort des scientifiques ont réalisé des analyses ADN et ont pu prouver qu’Anna ANDERSON n’était pas Anastasia ni même une parente éloignée des ROMANOV.

Mentait-elle sciemment ou lui a t-on demandé de mentir, le mystère plane entièrement sur cette question …

Une enquête scientifique qui rebondit en 2009 presque 1 siècle plus tard !

Une équipe de chercheurs russes, canadiens et américains a enfin identifié les derniers corps manquants de la famille du Tsar Nicolas II. L’aventure débute en 1991. On retrouve dans une fosse de la région de l’Oural plusieurs squelettes. Des tests d’ADN suggèrent qu’il pourrait s’agir du Tsar, de son épouse femme et de trois de leurs filles. Toutefois, le prince Alexis et une de ses soeurs manquent à l’appel.

Il faudra attendre 2007 pour qu’on retrouve, dans une deuxième fosse, 44 fragments d’os abîmés par le feu et l’acide sulfurique. Un examen préliminaire conclut que ce sont les restes d’un garçon âgé de 10 à 14 ans et d’une jeune femme âgée de 18 à 23 ans. Il pourrait donc s’agir des deux héritiers manquants.

Les chercheurs procèdent à la comparaison génétique des corps retrouvés dans les deux fosses. Ils établissent alors que les ossements appartiennent effectivement aux sept membres d’une même famille. Mais s’agit-il bien de la famille impériale?

Si c’est le cas, l’ADN des enfants présentera certaines séquences génétiques identiques à celles des deux branches de leur famille: celle de la reine Victoria, leur arrière-grand-mère maternelle et celle des Romanov, la dynastie de leur père. En comparant l’ADN des enfants à celui de descendants vivants de ces deux lignées, les chercheurs obtiennent une concordance parfaite. Les corps appartiennent bel et bien à la descendance du Tsar de Russie.

Cet article est un extrait du journal La Presse rédigé le 5 Juin 2009 !

En conclusion, ce qui s’est passé dans la terrible nuit de juillet 1918 est maintenant indiscutable : aucun membre de la famille du Tsar Nicolas II n’a échappé au massacre qui mit fin à la dynastie des ROMANOV et a vu la Russie sombrer dans ses heures les plus sombres avec Lénine puis Staline au pouvoir !

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Questions fréquemment posées

Est-il possible de remonter une branche quand on ne connaît pas le père biologique d'un enfant naturel ?
Deux cas de figure : la mère a pu laisser des indices à l’hôpital (Hôtel Dieu de Lyon par exemple) le père biologique a pu être présent pour la naissance ou le baptême de l’enfant… Ou malheureusement parfois, le secret fut bien gardé et aucun indice divulgué…
Je suis bloqué dans mes recherches, il y'a des lacunes dans les archives y'a t'il un moyen de remonter malgré tout ?
Les archives paroissiales celles de l’ancien régime effectivement peuvent être lacunaires, en effet il est possible de remonter la piste de ses ancêtres par le biais d’autres archives (actes notariés, travaux d’historien, presse ancienne etc …)
Peut-on retrouver des documents particuliers sur des ancêtres femmes ?
Vous pouvez en effet retrouver dans certaines archives, leur certificat d’études, leur permis de conduire, leur passeport, carte de résistance etc …
Puis je espérer remonter ma lignée d'ancêtres jusqu'à charlemagne ?
La réponse est non de manière certifiée par les actes c’est impossible en revanche par les travaux des historiens concernant les recherches effectuées à travers les siècles passés, il est possible que grâce à ces travaux vous remontiez à Charlemagne mais c’est loin d’être une évidence.
Est-il vrai que nous avons tous des ancêtres nobles ou des branches nobles?
Question très fréquente en généalogie, en réalité bon nombre de personnes ont des ancêtres nobles malheureusement à cause des lacunes dans les archives il est très compliqué d’en retrouver cependant c’est souvent grâce à une ancêtre que l’on retrouve une branche noble appelée aussi sang bleu.
Comment retrouver le passé et l'histoire militaire de mon ancêtre ?

Première chose à faire, rechercher son matricule militaire, ensuite pour approfondir la carrière militaire de votre ancêtre, confiez vos recherches généalogiques à l’étude Duchamp GeneaServices.

Quelle est la différence entre une lignée agnatique et une lignée cognatique ?
Une lignée agnatique cela signifie qu’on s’intéresse à la lignée des hommes d’un individu, c’est-à-dire le père, puis le grand-père, puis l’arrière-grand-père, etc. (dans les ascendants) ou le fils, puis le petit-fils, puis l’arrière-petit-fils, etc. (dans les descendants). La lignée cognatique c’est le contraire c’est uniquement par les femmes.
est il possible de découvrir une affaire criminelle dans sa généalogie ?
La réponse est oui grâce aux articles de la presse ancienne notamment la BNF, Gallica, et bien sûr grâce à la série U des archives, il est possible de retrouver un jugement criminel concernant votre ancêtre qu’il soit victime d’un crime ou coupable.
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