M comme Maitre d’Apprentissage
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novembre 15, 2025

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Loïc Duchamp


1. Depuis quand existent les contrats d’apprentissage ?

Antiquité, Moyen Âge et formalisation écrite

  • Des formes d’apprentissage sous contrat existent déjà dans l’Antiquité (Rome, voire Mésopotamie) : des textes juridiques décrivent des jeunes liés à un artisan pour apprendre un métier contre travail, nourriture et logement. Les historiens de la formation professionnelle font remonter le modèle d’apprentissage des métiers aux corporations et guildes médiévales, elles-mêmes héritières de pratiques plus anciennes. (pedocs.de)
  • En Europe médiévale, on voit apparaître des contrats d’apprentissage formalisés par écrit :
    • À Gênes, des actes notariés d’apprentissage sont attestés dès le milieu du XIIᵉ siècle ; des recherches récentes montrent que ces contrats existent avant même la formalisation complète des guildes, mais suivent déjà des normes de durée, de service et de rémunération. (OpenEdition Journals)
    • À Saragosse, pour les XIVᵉ–XVᵉ siècles, J. Cortes Mateo a dépouillé de nombreux “contrats d’apprentissage” passés devant notaire, avec durées précises, obligations du maître et de l’apprenti, conditions de logement, etc. (Persée)
  • En France, le cadre corporatif est codifié au XIIIᵉ siècle :
    • Le Livre des métiers d’Étienne Boileau (vers 1268) est le premier grand recueil de règlements sur les métiers parisiens (statuts de maître, compagnon, apprenti, nombre d’apprentis autorisés, conditions de travail, etc.). Il ne reproduit pas les contrats individuels, mais donne la matrice juridique dans laquelle ces contrats sont conclus. (Wikipédia)

👉 Réponse courte :

  • Des formes d’apprentissage encadré existent dès l’Antiquité.
  • Les contrats d’apprentissage écrits (actes notariés entre maître, apprenti et famille) sont clairement attestés en Europe à partir du XIIᵉ siècle, et se généralisent entre XIIIᵉ et XVᵉ siècles dans le cadre des guildes et corporations médiévales.
  • On peut donc dire que oui, le contrat d’apprentissage tel qu’on l’entend en histoire sociale apparaît vraiment au Moyen Âge, même s’il a des racines plus anciennes.

2. Comment devient-on maître d’un métier au Moyen Âge ?

Le parcours classique : apprenti → compagnon → maître

Dans le système corporatif médiéval (et d’Ancien Régime), la progression suit en gros trois étapes :

  1. Apprenti
    • Lié par un contrat à un maître (souvent par l’intermédiaire des parents).
    • Logé, nourri, parfois habillé par le maître en échange de son travail et de son obéissance.
    • Ne fait pas encore partie à part entière de la corporation. (OpenEdition Journals)
  2. Compagnon / ouvrier
    • À la fin de l’apprentissage, l’apprenti est “reçu compagnon” : il peut désormais être salarié, travailler pour différents maîtres, parfois voyager (préfiguration du Tour de France compagnonnique). (chemindepapier.blogspot.com)
  3. Maître
    • C’est le sommet de la hiérarchie corporative. Pour y accéder, il faut en général :
      • Justifier d’un certain nombre d’années d’apprentissage + d’expérience comme compagnon ;
      • Passer un examen devant un jury de maîtres (connaissance des règles du métier, parfois de la réglementation urbaine) ;
      • Réaliser un “chef-d’œuvre”, pièce technique démontrant sa maîtrise (obligatoire dans beaucoup de métiers à partir de la fin du Moyen Âge / début de l’époque moderne) ; (Wikipédia)
      • Payer des droits d’entrée à la corporation ;
      • Parfois : prouver sa bonne réputation, être bourgeois de la ville, et/ou être fils ou gendre d’un maître, selon les métiers. (Histoire du Mobilier)

Le règlement d’une corporation parisienne décrit ainsi :

  • interdiction de s’installer à son compte sans être maître ;
  • maîtrise accessible seulement après examen et chef-d’œuvre, prestation de serment et paiement des droits, le nombre d’apprentis et compagnons étant ensuite limité par les statuts du métier. (MURMURES DE PARIS)

👉 En pratique, devenir maître suppose donc souvent 10 à 15 ans entre l’entrée en apprentissage (vers 12–14 ans) et l’accession à la maîtrise à l’âge adulte, si toutes les conditions sont réunies.


3. À quel âge débute l’apprentissage ? Et pour combien d’années ?

Âge de début

Les sources convergent sur une fourchette assez stable :

  • Les apprentis commencent généralement entre 10 et 15 ans, et vivent dans la maison du maître (logés, nourris) – ce que rappelle par exemple la synthèse anglophone sur l’“Apprenticeship” médiéval. (Wikipédia)
  • Des articles de vulgarisation sur l’éducation et le travail au Moyen Âge évoquent des “enfants d’environ douze ans” entrant en apprentissage dans les métiers urbains, pour une durée de trois ans dans leur exemple-type. (Tree Learning)
  • Des études (notamment sur les villes italiennes et espagnoles) parlent de garçons “dans leurs jeunes années”, souvent adolescents, choisis aussi pour leur origine familiale et leur “bonne conduite”. (OpenEdition Journals)

Durée de l’apprentissage

Elle varie selon les lieux, les métiers et les époques :

  • À Saragosse (XIVᵉ–XVᵉ s.), l’historien J. Cortes Mateo montre que la durée la plus fréquente est de 2 à 4 ans, fixée explicitement dans le contrat notarié. (Persée)
  • Pour la France de la fin du Moyen Âge / Ancien Régime, des études régionales et des synthèses évoquent des durées de :
    • 2, 3 ou 4 ans, parfois jusqu’à 6 ans selon les métiers ; (jicede95.over-blog.com)
    • un exemple en Forez (XVIIᵉ–XVIIIᵉ s.) montre encore des contrats de 2 ans et demi, l’apprenti devant habiter chez son maître pendant toute la durée. (forezhistoire.free.fr)
  • D’autres travaux (anglais/allemands) donnent, pour certains corps de métiers (charpentiers, forgerons, etc.), des durées de 5 à 7 ans pour atteindre un niveau complet de qualification. (pedocs.de)

👉 Synthèse

  • Âge d’entrée : en général 10–15 ans, avec un “standard” autour de 12–14 ans pour les villes d’Europe occidentale.
  • Durée : 2 à 6 ans le plus souvent, avec des métiers exigeant parfois 5–7 ans.
  • Après cette période, l’ancien apprenti devient compagnon/ouvrier, et peut, au bout de nouvelles années d’expérience + chef-d’œuvre, prétendre à la maîtrise.

4. Bibliographie

1️⃣ Origine et histoire générale des contrats d’apprentissage


2️⃣ Parcours apprenti → compagnon → maître


3️⃣ Âge de début & durée de l’apprentissage

Voici le contrat d’apprentissage de Pierre JULLIEN, passé en 1654 à Pailharès, devant notaire, avec Maître Gaspard LACROIX, Maître tailleur d’habits.

« Apprentissage pour Pierre JULIEN servant d’obligation à Me Gaspard LACROIX« 

L’an que dessus et le 22 ème jour du mois de novembre avant midi etablis en sa personne Pierre

JULIEN de la paroisse de Saint Pierre de Macaboeuf lequel de gré procédeant de l’advis de

Baptiste JULIEN son oncle du lieu de Franol paroisse de Saint Félicien s’est mis en

apprentissage avec Gaspard LACROIX maitre tailleur d’habits du lieu et paroisse de Pailharès

présant et acceptant pour lui apprendren et enseigner l’art de tailler ses despendances pendant

le temps de […] d’un an et demi qui sera pri[…] et trois […] scavoir et puis le jour et feste de

Saint Michel de chacu’qune année de jusque a la fest de Nostre Dame de Mars le premier

ayant commencé par la feste de Saint Michel depuis ainsi qu’ils ont dit et ce le reste du dit

temps appartiendra au dit Pierre JULIEN pour faire ses affaires par[…] ce pour et au prix de

deix neuf livres dix sols et comptient trente sol pour estudine pour la femme du dit LACROIX

laquelle somme le dit Baptiste oncle du dit Pierre promet payer au dit (DE)LACROIX scavoir

la moitié a la feste de Saint Blaize prochain et l’autre moitié a la feste de Saint Julien aussi

prochain venant le tout apaine de tous despances domme[stique] et […] moyenn[ant] ce ledit

LACROIX promet nour[r]ir et entretenir ledit Pierre JULIEN pendant le dit temps d’un an et

de mi hon[…] et lord[inaire] de ceux d[an]s sa maison comm[une] aussi de la dite Mous[…]

apprendre et du seignier de son pouvoir et scavoir le susdit mestier durant le dit t[h]erme sans

lui [] au[l]cune chose le tout a prenne que dessus et aussi loin promit et fair[e] soubsigneret

oblige et oblige tous et chasqu’une leur biens a touts […] renonce a tous droicts avec

contraieres faicts a Pailharès maison de Messire François MAHUSSIER présent avec Pierre

VALLETTE du lieu de la Valette paroisse de St Félicien et Jacques VALET habitant au lieu de

Malsert paroisse de Nouzière (Nozière) tes tesmoins et parties n’ont sceu signer en qui et de

moi ainsi continuront jusque à la fin de la dite année et moi notaire royal

Challaye notaire

St Félicien, Chalaye Joseph, 1654, page 99 et 100″

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Questions fréquemment posées

Est-il possible de remonter une branche quand on ne connaît pas le père biologique d'un enfant naturel ?
Deux cas de figure : la mère a pu laisser des indices à l’hôpital (Hôtel Dieu de Lyon par exemple) le père biologique a pu être présent pour la naissance ou le baptême de l’enfant… Ou malheureusement parfois, le secret fut bien gardé et aucun indice divulgué…
Je suis bloqué dans mes recherches, il y'a des lacunes dans les archives y'a t'il un moyen de remonter malgré tout ?
Les archives paroissiales celles de l’ancien régime effectivement peuvent être lacunaires, en effet il est possible de remonter la piste de ses ancêtres par le biais d’autres archives (actes notariés, travaux d’historien, presse ancienne etc …)
Peut-on retrouver des documents particuliers sur des ancêtres femmes ?
Vous pouvez en effet retrouver dans certaines archives, leur certificat d’études, leur permis de conduire, leur passeport, carte de résistance etc …
Puis je espérer remonter ma lignée d'ancêtres jusqu'à charlemagne ?
La réponse est non de manière certifiée par les actes c’est impossible en revanche par les travaux des historiens concernant les recherches effectuées à travers les siècles passés, il est possible que grâce à ces travaux vous remontiez à Charlemagne mais c’est loin d’être une évidence.
Est-il vrai que nous avons tous des ancêtres nobles ou des branches nobles?
Question très fréquente en généalogie, en réalité bon nombre de personnes ont des ancêtres nobles malheureusement à cause des lacunes dans les archives il est très compliqué d’en retrouver cependant c’est souvent grâce à une ancêtre que l’on retrouve une branche noble appelée aussi sang bleu.
Comment retrouver le passé et l'histoire militaire de mon ancêtre ?

Première chose à faire, rechercher son matricule militaire, ensuite pour approfondir la carrière militaire de votre ancêtre, confiez vos recherches généalogiques à l’étude Duchamp GeneaServices.

Quelle est la différence entre une lignée agnatique et une lignée cognatique ?
Une lignée agnatique cela signifie qu’on s’intéresse à la lignée des hommes d’un individu, c’est-à-dire le père, puis le grand-père, puis l’arrière-grand-père, etc. (dans les ascendants) ou le fils, puis le petit-fils, puis l’arrière-petit-fils, etc. (dans les descendants). La lignée cognatique c’est le contraire c’est uniquement par les femmes.
est il possible de découvrir une affaire criminelle dans sa généalogie ?
La réponse est oui grâce aux articles de la presse ancienne notamment la BNF, Gallica, et bien sûr grâce à la série U des archives, il est possible de retrouver un jugement criminel concernant votre ancêtre qu’il soit victime d’un crime ou coupable.
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