Bonjour à tous, aujourd’hui c’est une émission particulièrement émouvante qui vous attend et qui sans vous n’aurait pu être possible. Vous avez été nombreux à répondre présents à mon appel à témoignages concernant les cartes postales et lettres de vos ancêtres soldats pendant la première guerre mondiale !
Avant d’évoquer les témoignages des soldats, je vous invite à écouter la musique du soldat composée et interprété par Calogero.
Commençons par la lettre du soldat Octave Adolphe CUCHE.
Octave Adolphe CUCHE est né le 1 Mars 1877 à Brignolles dans le Var, il est décédé dans l’Ambulance le 24 Mai 1917 à Guyencourt dans l’Aisne des suites de ses blessures.
Je vais vous lire suite aux documents que j’ai reçu de Cécile que je remercie, les dernières lettres du soldat CUCHE adressées à sa femme quelques jours avant sa mort …
Le 20/05/1917
« Bien chère aimée, c’est en bras de chemise que je t’écris car la chaleur est orageuse. Ce matin, je ne suis pas sorti. Cet après midi, j’ai fait une bonne course pour voir Clédat et j’ai eu en rentrant la visite d’un lieutenant. Avant le dîner, je t’envoie un mot pour te dire que je vais toujours bien, que nous sommes toujours en secteur et surtout que je vous aime tous bien et qu’il me sera doux d’aller vous embrasser en juillet. Je vois que je n’aurais pas besoin de garder 200 francs par devers moi, en conséquence je t’envoie encore 100 francs ce qui fait que je t’aurais envoyé les 200 francs du mois d’avril. Pas de lettres aujourd’hui, ni de toi, ni de personne. Je termine en vous embrassant tous bien fort. Ton adolphe …
Le 21/05/1917
« Ma bien-chère amie,
Deux jours de suite sans nouvelles de vous tous. Il me tarde d’être à demain pour te lire. Ce matin j’ai pu faire quelques visites et bien m’en a pris car cet après midi il fait bon être à l’abri. Daniel Vernier est élève aspirant et se trouve pour quelques temps à Saint Maixent afin d’y suivre des cours. Il vient de me laisser. Je vais bien et vous envoie à tous, mes affectueux messages. Votre adolphe. »
Tampon de la poste 25/05/1917 soit la dernière lettre qu’il a posté avant de mourir, il ne s’attendait certainement pas à écrire cette toute dernière lettre avant de succomber à ses blessures suite à une attaque…
« Chère amie, je reviens d’une longue course aux ambulances et trouve trois lettres à la fois 17, 18 et 19 Mai, ce qui m’explique l’absence des autres jours de toute correspondance. Je vais bien et vous embrasse tous bien fort. Il est tard je vais me reposer bientôt. Adolphe Cuche »
Après ces mots, le soldat Adolphe Cuche allait trouver un repos éternel. La transcription de son acte de décès sera transmise à la mairie de Lamastre en Ardèche, le 18 Avril 1918.
Dans un courrier adressé par l’aumonier catholique MARQUIE à la veuve de Monsieur CUCHE, il donne plus de détails concernant les circonstances de la mort du soldat.
Le 2 Juin 1917
« Votre mari, pour lequel j’avais beaucoup d’estime est tombé sur les bords de la Miette, à proximité de la route de Pontavert à la ferme de Choléra. Les blessures étaient multiples au ventre, au côté droit, dans le dos et à la cuisse gauche. Je n’étais pas là et je l’ai regretté. A son arrivée au poste de secours il avait toute sa connaissance, qu’il a conservée d’ailleurs jusqu’à la fin. Il est mort après l’opération et ceux qui l’ont assisté ont été édifiés. Il est mort après l’opération et ceux qui l’ont assisté ont été édifiés. Il est mort bravement et chrétiennement ! Les dernières prières ont été dites par un pasteur infirmier, Monsieur Schmidt étant en permission (…) »
Comme vous l’aurez compris le soldat Octave Adolphe CUCHE était protestant, il obtiendra la croix de la légion d’honneur avec croix de guerre et palme remise par le Médecin Chef de l’ambulance de Guyencourt.
Second témoignage, parole de poilu, je remercie Madame Françoise MOTTEAU, qui m’a adressé les cartes postales rédigées par le soldat Emmanuel Emile GIRARDIN, son grand oncle Mécanicien-Electricien né le 28 Mars 1894 à Jarnac Champagne en Charente-Maritime.
« 6 heures du soir
Chère mère, J’ai reçu ta lettre aujourd’hui à midi. En ce moment, j’ai un peu la tremblote, nos canonnières viennent d’être repérées, les Boches nous tirent dessus. Voilà deux marmites qui viennent de nous passer au dessus. Je t’assure qu’on les entend passer. Je ne sais pas si je verrais la fin de la guerre. En voilà encore une autre et celle là encore plus près. Si jamais ils nous esquintent pas cette nuit, qu’est ce qu’on va leur mettre demain. Verso : J’ai reçu la carte de Joséphine à midi aussi. Je vous embrasse tous bien fort. Émile »
Une autre carte postale d’un soldat nommé Jean Marie Victor BLAZEIX, né le 22 Octobre 1874 à Gimeaux, merci à Jérôme qui a retrouvé l’identité de ce soldat qui faisait parti du 250ème régiment d’infanterie.
« Balschwiller, Le 6 Juillet 1916
Chères cousines et cher cousin, je vous donne de mes nouvelles qui sont excellentes pour le moment. J’espère que vous êtes également en bonne santé. Les distractions ne nous manquent pas fusil, mitrailleuse, les grenades et les obus qui passait au dessus de nos têtes, nous nous apercevons même pas lorsqu’il fait de l’orage et que le tonnerre gronde. Nous logeons sous terre comme les taupes et avec les rats comme voisins sans compter les blessés et les morts, après la guerre on aura pas besoin de maçons pour bâtir car on fera des maisons souterraines. Bien des choses de ma part à la cousine Magdeleine et à la cousine Jeanne et à vous tous, je vous embrasse bien fort. Votre cousin Blazerin Victor
Ceux qui ont connu et vu ce pays avant la guerre, y trouverait du changement. Plus d’habitants et les maisons démolies ou sérieusement endommagées, y y ait resté 14 mois. »
Découvrons désormais l’histoire de Monsieur Henri BARONNET qui écrit du front, c’est sa petite fille Madame Françoise BARONNET qui m’a transmis ces témoignages :
Le soldat Henri BARONNET est né le 30 Mars 1878 à Prosnes dans la Marne, département particulièrement touché par les bombardements de la première guerre mondiale.
Le 27 juillet 1915, Henri envoie à sa petite fille une carte représentant le viaduc de Chaumont (Haute-Marne) :
« Ma chère petite Madeleine
Arrivé à Chaumont. Bon voyage, bien regretté de ne pouvoir vous embrasser plus longtemps. Bien content de vous avoir vu en bonne santé. Embrasse tout le monde là-bas, ma petite Madeleine. Amitiés à tous là-bas. Arriverai à Bar-le-Duc à minuit 1/2. Ton petit papa qui t’embrasse. » Henri B
Arrivé à Verdun, c’est à ses parents qu’il adresse cette carte représentant l’église de Clermont-en-Argonne « détruite par les Allemands’’ :
« Mes biens chers parents
Je suis rentré à bon port, bien heureux de vous avoir presque tous. Je suis passé à Chaumont, Neufchâteau, Bar-le-Duc, Verdun. J’espère que le retour de maman a bien été. Je suis en très bonne santé. Dans les bois toujours des obus.
Votre grand qui vous embrasse bien fort. »
Henri B
Le 14 Novembre 1917, le soldat Henri BARONNET écrit à ses parents :
« Mes bien chers parents
Des permissionnaires viennent de partir encore avant-hier et je crois bien que mon tour est proche. Peut-être vous arriverai-je d’un moment à l’autre. Je pense passer les premiers jours à Rouvres puis le reste à Châlons, mais je ferai mon possible pour arrêter en passant. Nous sommes assez tranquilles pour le moment. De temps en temps un petit voyage pour vous distraire. Le jeune camarade de Châlons qui a été vous porter de mes nouvelles lorsque j’étais au camp de Saint-Ouen vient d’être blessé grièvement d’une balle qui lui traversa la poitrine. Son état doit être grave. Des avions commencent à voyager la nuit, mais aucun danger pour nous qui sommes très peu dans tout petit village, tandis qu’à peu de distance fonctionnent de fortes usines. Je vous embrasse tous bien fort. »
Henri
Je remercie Sandrine MALAVIEILLE graphiste indépendante de l’entreprise C’est de Famille Pop’ com qui m’a transmis ce magnifique travail de composition avec les lettres de son aïeul Charles Michel Jean Marie HEULOT, né le 19 Mai 1878 à Balazé en Ile et Vilaine, il incorpore le 65e régiment d’infanterie.
Maintenant, je vais vous lire le carnet de bord d’un mystérieux soldat Rochepaulois, dont sa famille a voulu garder l’anonymat. Je remercie Monsieur Pierre HERZ de l’association Rochepaule pour Mémoire, Mémoire d’Avenir qui m’a confié ce précieux journal de bord de ce soldat revenu comme gueule cassée…
Pour terminer cette émission tout en émotions, je vais à présent vous parler d’une lettre testamentaire du soldat René Joseph MARTIN du 21ème régiment d’infanterie qu’il a écrit à sa femme Louise …
Le sergent MARTIN est né le 9 Avril 1891 sur la commune d’Echigey en Bourgogne dans le département de la Côte D’or, il est tué à Notre Dame de Lorette dans le Pas de Calais par une balle allemande qui ne lui a laissé aucune chance …
Je vais vous raconter brièvement à travers une lettre le décès tragique de mon arrière arrière grand père Joseph LAGOUY . Né le 11 Octobre 1879 à Epinouze, il a incorporé peu de temps après avoir intégré le 159e régiment d’infanterie, le 359e régiment d’infanterie au sein de la 20ème compagnie, il était soldat clairon. Malheureusement ce 26 Juin 1916, à Froideterre au 4 Cheminées, il ne sait pas encore qu’il vit sa dernière journée. Alors que les Allemands attaquent à coups d’obus la zone des 4 Cheminées, il est chargé de la défendre, il n’aura pas le temps d’écrire une dernière fois à sa bien aimée épouse Marie PRUNOT, il s’effondre touché par un obus de gros calibre, il respire à peine puis dans une nouvelle explosion il est enseveli, on ne retrouvera jamais son corps …
Le 2 Novembre 1917, plus d’un an après son décès, le chef du bureau spécial de comptabilité du 159e régiment d’infanterie qui réside à Briançon écrit à la mairie d’Anneyron dans la Drôme, le maire doit apprendre la terrible nouvelle à Marie PRUNOT avec tous les ménagements nécessaires ce qui est loin d’être évident.
Tant de vies brisées, tant d’hommes qui ne reviendront jamais prendre leur femme, leurs enfants, leur parents dans leurs bras, une guerre gagnée mais à quel prix, le prix du sang versé, n’oublions jamais le prix de notre liberté !